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Quand la lumière infrarouge stabilise la maladie de Parkinson

Le professeur Stephan Chabardes, neurochirurgien à Clinatec (Grenoble), a présenté, vendredi 6 septembre, au 20e congrès mondial de neurochirurgie stéréotaxique et fonctionnelle de Chicago (WSSFN), des résultats inédits obtenus en utilisant de la lumière infrarouge (plus précisément proche infrarouge, NIR) chez des patients atteints de la maladie de Parkinson, une première.
La maladie de Parkinson entraine une dégénérescence des cellules de la substance noire du cerveau, donc une baisse de la production de la dopamine par les cellules en souffrance
sous-cutané fournit, tel un pacemaker, l’énergie nécessaire pour alimenter un boîtier laser
implanté sur le crâne transforme l’électricité en lumière infrarouge. Celle-ci sera transportée par une fibre optique jusqu’aux cellules de la substance noire
en souffrance, redeviennent fonctionnelles et produisent de la dopamine
Sources : Clinatec, CEA, CHU Grenobles-Alpes
Infographie : Le Monde
Alors que cette pathologie est due à un déficit de production cérébrale de dopamine, son équipe a découvert que cette lumière, acheminée par fibre optique au centre du cerveau, agit sur les photorécepteurs des mitochondries des cellules de la substance noire. Ces dernières, qui sont atteintes progressivement dans le processus dégénératif de la maladie, « sont revigorées par cette énergie lumineuse, suppose-t-on, car elles produisent à nouveau de la dopamine », explique le professeur Chabardes. La fibre optique est reliée à un boîtier laser, implanté en surface du crâne. « Ce travail fait suite à plusieurs années de recherche chez l’animal dans les laboratoires de Clinatec, par la docteure Cécile Moro et le professeur John Mitrofanis. » L’étude est désormais en attente de publication dans une revue approuvée par des pairs.
L’essai clinique a été réalisé sur douze personnes, la première moitié étant stimulée par infrarouge tout en recevant un traitement oral de L-dopa, la seconde ne prenant que les médicaments. Deux patients supplémentaires devraient être inclus cet automne. « Nous avons choisi des personnes entre 30 et 60 ans encore à un stade précoce de la maladie », explique M. Chabardes. « Il faut rester prudent, car nous ne savons pas encore si cet effet est pérenne ou si ces cellules vont s’épuiser vite », poursuit-il. « Pour autant, les progrès sont visibles et ont grandement soulagé les patients concernés [tremblements, raideur…]. C’est la première fois que l’on observe une stabilisation de la maladie. » Pour rappel, c’est à Grenoble qu’en 1987, sous l’impulsion du neurochirurgien Alim Louis Benabid et du neurologue Pierre Pollak, naissait un premier espoir de traitement de la maladie de Parkinson avec la stimulation cérébrale profonde (SCP), devenue depuis un traitement de référence utilisé par environ 250 000 patients dans le monde.
Présente à Chicago, la neurochirurgienne Carine Karachi, de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, est enthousiaste. « Cette étude, spectaculaire, provient d’une équipe à la fois créative et sérieuse », note-t-elle. « Les cellules de la substance noire [environ 400 000 neurones] sont particulièrement fragiles chez l’être humain et nous n’en connaissons pas la raison. Par contre, lorsque le diagnostic de la maladie de Parkinson est posé, nous savons que 70 % d’entre elles souffrent et ne produisent plus de dopamine », explique la docteure Karachi. L’approche grenobloise lui semble d’autant plus intéressante qu’« elle semble entraîner un arrêt de l’aggravation de la maladie et permet de restaurer au moins en partie la production de dopamine ».

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